HISTOIRE DE LA COMMUNE DE ST FELIX
Historique de Saint-Félix de Reilhac
La première appellation connue, qui remonte au règne de Clovis, est Sanctus Félix. L’attribution “de Reilhac” est plus tardive. Il est probable que la commune ait compté parmi les possessions du
baron de Reilhac. Le château de ce dernier, désormais en ruines, se situe sur l’actuelle commune de Saint-Cernin, à la limite Est de Saint-Félix, après le Grand Moulin (*1). L’on sait notamment
qu’il possédait une chapelle, ainsi que deux cloches. C’est lorsque leur propriétaire a fait don, en 1920, de l’une de ces cloches à Saint-Cernin que cette commune a acquis son appellation
actuelle : Saint-Cernin de Reilhac. Entre-temps, en 1602, le nom dela commune avait été francisé. Son patron était alors Saint Macaire. Le 28 août 1827, Saint-Félix de Reilhac est rattaché à
Mortemart.(*2).
Les frontières
C’est une commune de huit-cents soixante quatre hectares.
La voie gallo-romaine part en ligne droite des Cinq Chênes (à 260 m d’altitude), passe à côté du bénitier ( à 256 m d’altitude ) et continue jusqu’au château d’eau actuel (à 249 m d’altitude
).
La route Bordeaux-Lyon depuis les Cinq Chênes s’arrête à la R 47 puis continue, passe à côté de l’Armoise, part dans les bois, ressort à la limite de Saint-Félix et se dirige, goudronnée, jusqu'à
Rouffignac. On la reconnaît à ses grandes lignes droites.
L’eglise
On peut dater sa construction du cinquième ou du sixième siècle. De taille fort modeste(*3) et de style roman, sa charpente était couverte de lauzes. Elle possédait un campanile (*4) et une
cloche. Son entrée se trouvait à l’ouest, et son cimetière (non clôturé) au sud. D’après Le livre des insinuations (*5) , l’on sait qu’en 1602, elle était très sombre, humide, mal pavée, et que
sa nef était dépourvue de lambris.
En 1665 le campanile menace de s’écrouler chaque fois que l’on sonne la cloche, une lézarde s’ouvre de plusieurs centimètres, il est temps de construire une nouvelle église à Saint Félix, car la
population a augmenté.
En 1859, demande d’urgence à l’administration de réaliser une souscription auprès des habitants de la commune pour la construction d’une école, d’une nouvelle église, d’un presbytère ainsi que
pour la réparation des routes et chemins. Comme les sommes recueillies ne suffisaient pas, la préfecture a autorisé la vente de plusieurs parcelles de bois provenant des biens communaux de
Mortemart.
En 1865, un architecte demande la démolition de la vieille église pour en reconstruire une autre à la même place, mais plus grande, et en inverser l’entrée à l’est et le coeur à l'ouest. Les
meilleures pierres serviront à la construction, le clocher sera recouvert d’ardoises grises, les chapelles serviront à l’élargissement de l’édifice et seront renforcées par des colonnes et des
pierres d’angle provenant de Miremont. Le financement de cette construction profite d’une subvention et le reste est à la charge de la commune.
Le premier village
Le bourg, quant à lui, était traversé par un petit ruisseau, le Saint-Félix, qui alimentait en eau les habitants. La fontaine naturelle, où le ruisseau trouvait sa source, tenait lieu de lavoir.
On trouvait dans cette belle eau du cresson, des écrevisses et des truites.
Le bourg ne comptait que quelques rares maisons. Le reste de l’habitat était dispersé en de modestes baraquements, avec façade au sud.
La route qui longe le bourg répondait au tracé d’aujourd’hui, bordée par de superbes platanes. On signale aussi l’existence d’une grotte.
En 1602, on compte soixante-quinze feux et cent quatre vingt quatorze communiants.
Ressources naturelles, économie, et habitat.
Ressources naturelles
La commune est riche en minerai de fer. On y cultive du blé, du froment, du maïs, beaucoup de châtaignes.
Economie
On y fait commerce de bestiaux, essentiellement dans des foires(*6) qui se tiennent le dernier mercredi de chaque mois.
En 1863, le phylloxera attaque les vignes, mais il a vite disparu. Heureusement car il y en avait dans presque toutes les fermes.
Les pieds de vigne sont du noa, qui fournit un raisin abondant, résistant aux maladies, dont le vin se conserve bien. Mais il a ensuite été interdit : il rendait les gens fous.
En 1881, le revenu de la commune est de 237 livres (*7), aide sociale pour 1 sourd muet, 1 aveugle et 3 idiots.
Conditions matérielles d’existence et habitat
Les habitants ont vécu dans les mêmes conditions rudes que j’ai décrites sur l’historique de Mortemart.
Seule différence notable : Saint Felix a des racines romaines et Mortemart des racines templières.
On compte notamment des cas de tuberculose, qui ont décimé plusieurs familles. Encore une fois, les maisons étaient fort petites : c’est ce qui explique que les membres de ces familles souvent
nombreuses dormaient à quatre le même lit (*8), le bébé au milieu, en cinquième place. Ces maisons possédaient souvent des lits de coin, moins encombrants.
L’arrivée du chemin de fer et modernisation
Entre 1861-1863 construction de la ligne de chemin de fer par de nombreux ouvriers qui construisent aussi le tunnel de la Gélie, le passage à niveau de Bonomas, le pont et la voie ferrée. Il y a
eu des accidents bien sûr et des morts mais aussi des histoires d’amour sur ce vaste chantier. Pour la petite histoire raconté par Serge Teillet la gare de la Gélie devait, au départ, se situer à
Bonomas, mais le voisin de Bonomas et propriétaire du terrain refusa cette construction, il aima mieux donner un bois sur sa propriété de la Gélie pour construire cette gare sur la commune de
Ladouze. Imaginons si la gare avait été construite à Bonomas le développement que cela aurait provoqué pour la commune de St Félix !
A partir de 1865 des grands chantiers sont lancés sur les routes. Elles sont classées, redessinées, élargies et empierrées. Les habitants cassent et amènent des cailloux en bordure des routes,
pour cela ils sont dédommagés sur leurs impôts. Entre la décision et la réalisation des travaux, il faut parfois attendre huit ans.
En 1866, construction du nouveau cimetière.
En 1877, construction du presbytère, même orientation que celui de Mortemart et encore façade et ouverture à l’est. Dans le bourg il y a une épicerie, un jeune boulanger, un restaurant et la
maison qui sert d’école et de cantine.
En 1879, le maire qui habite la Meynardie est révoqué par décret du Président de la République.
Le nouveau maire, La Robertie, chirurgien de son état, habite la Gelie.
En 1897, un violent orage provoque des dégâts dans l'église et le presbytère de Mortemart.
En 1900, on décide, après délibération du conseil municipal, de la démolition de l’étable et du four qui se tenaient derrière le presbytère afin d’y construire une grange.
En 1905, séparation des Églises et de L’Etat. (*8) 120 sur 180 cm
En 1912, une pétition circule à Mortemart : les habitants demandent leur indépendance et leur séparation de Saint-Félix car ils s’estiment exploités : ils doivent vendre leurs biens communaux
afin de payer tous les travaux importants réalisés à Saint-Félix. Le préfet d’alors intervient puis
tout cela s’arrête car c’est la guerre de 1914 avec la mobilisation des soldats. Les chevaux sont recensés ainsi que les récoltes. Les femmes seules font alors fonctionner les fermes.
Demande d’ouverture d’un bureau de tabac à Saint-Félix car les habitants se voient refuser la vente de tabac dans les communes voisines.
Vers 1919 l’arrivée d’un nouveau curé change beaucoup de choses.
Il achète à ses paroissiens leurs oies grasses, les met en conserve, y ajoute de la truffe qu’il trouve sur un coteau, derrière son presbytère. Ses conserves avaient acquis une grande réputation,
jusqu’au niveau national.
On sait par ailleurs que l’église s’était révélée trop étroite pour accueillir tous les paroissiens qui s’y rendaient tous les dimanches. Les prêtres des paroisses voisines en profitèrent pour
dénoncer cette situation à l’évêché, ainsi que le commerce des conserves. Ce qui a conduit, un dimanche, l’évêque à se déplacer et à visiter la commune.
Les paroissiens firent une grande cérémonie. Toute la population était présente, l’évêque visita le
presbytère, la sacristie, l’église et ne remarqua rien d’anormal : il en conclut qu’il ne s’agissait là que de médisances, sans doute motivées par la jalousie.
Les habitants avaient construit une grande estrade en bois devant l'église d’où l'évêque bénissait la foule.
Mais sous cette estrade, on avait dissimulé les fameuses conserves !
Le curé a fini par changer de paroisse. Dommage pour les paroissiens !
En 1919, la commune est rappelée à l'ordre par la préfecture qui constate que Saint-Félix n’organise que sept foires par an alors qu’elle est tenue d’en faire huit. Le vétérinaire des foires
était de Rouffignac.
Retour des rescapés de la Grande Guerre. Il sont souvent amputés. Plusieurs décèdent quelques années après seulement, laissant ainsi femmes et enfants cultiver les fermes.
En 1920, il n’y a pas encore de chemin pour accéder à l’école de Mortemart. Vergnaux donne gratuitement le terrain qui permettait de tracer le chemin, comme il l’avait fait lors de la création de
l’école.
En 1921, demande de création d’un poste de facteur à Saint-Félix. L’auxiliaire des postes qui s’occupait jusqu’alors de la distribution du courrier sur la commune, devait, en effet, se rendre
tous les jours à Rouffignac pour y chercher le courrier, et ne terminait sa tournée que tard le soir à Mortemart. La même année, incendie dans l’école de Saint-Félix .
En 1923, le Conseil Général vote l’installation du téléphone à Saint-Félix.
Des travaux sont engagés dans l'église de Mortemart, par un plâtrier de Mauzens Miremont. L’intérieur est tout blanc, même le plafond, les paroissiens trouve cela beau. Par contre il ne fallait
pas toucher les murs et repartir avec du blanc sur les habits !
En 1931, location du presbytère de Saint-Félix à un habitant de la commune : on y trouve, dans une grande lingère, des ornements d'église, des archives, et le registre de la commune.
Nouvelle délibération de la commune qui refuse de prendre l’électricité, dont le prix demeure trop élevé au regard de son budget.
Élargissement de la D 47, mais toujours en pierre.
Imaginons un dimanche matin : se tient la réunion du conseil municipal. Les femmes vont à la messe. Les hommes, une fois la réunion terminée, se retrouvent au bistrot. Ils parlent encore patois,
et prennent un verre de vin rouge à l'ombre des platanes qui bordent la route des Eyzies, puis repartent avec leurs grosses tourtes tout chaudes du jeune boulanger.
La vie leur paraît meilleure que celle de leurs parents. Et voilà que commence la guerre de 39-45, qui apporte son lot de malheurs.
Notre commune résiste bien à l'assaillant avec nos héros et le Maquis de Durestal.
Cet été, Alain Lafaye m’a fait découvrir un livre écrit par le fils de Aristide Filet, Maquisard Debout de Bernard Filet. Son père possédait la maison à Mortemart qui se tient en hauteur face à
l’église. Il cite tous les exploits des héros de notre commune : Pierre, d’abord, dont le patronyme n’est pas mentionné, homme de grande taille, dont la famille a été décimée par par les nazis,
Hector Blondy de la Borderie avec sa peugeot camionnette, Marcel Lalot de la Solelie, avec sa moto, agent de liaison du maquis de Durestal, les frères Rondet, Ferdinand et Fernand, qui habitaient
les Chaumes, Aristide Filet de Mortemart. Le camp d’observation était à la Faurie, maison vide à l’époque. Ma famille et moi-même étant proches de Hector Blondy et de Marcel Lalot n’avons
pourtant jamais été mis au fait de leurs actions.
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*1 - Limite à droite avec La Douze , vers l’est avec Saint-Cernin, après le grand moulin à la limite des deux communes
*2 - Un seul maire est élu à Saint-Félix de Reilhac : il s’agit alors d’un monsieur Lalot, qui habite la Meynardie. Son adjoint, Francois Dartenset de la Marterie ainsi que neuf conseillers l’assistent au conseil municipal. Les élections ont lieu tous les ans jusqu’en 1880, les femmes n’ont pas le droit de vote. Puis de 1880 à 1900 les élections ont lieu tous les 4 ans. Il y avait 170 inscrits, la population était alors de 624 habitants. Parmi eux, on comptait 2 forgerons, 2 tailleurs, 2 tisserands, 2 menuisiers, 1 chiffonnier, 1 charpentier, 2 couturières, 1 tonnelier, une institutrice, 1 instituteur, 2 maçons, des cuisinières, des chevillers , des cantonniers, un rentier, des colons, des cultivateurs.
*3 - de 8m de long sur 5 m de large
*4 - de 11 m de hauteur
*5 - la mention date de 1602.
*6 - à l'endroit de l’ancien garage Girodeau
*7 - Aide social pour 1 sourd muet, 1 aveugle et 3 idiots
Fait en décembre 2024
par Christian BLONDY